jeudi 6 juin 2013
lundi 3 juin 2013
Que penser du rapport entre foi et raison exposé par le Pape Jean Paul II
INTRODUCTION
L’homme possède de multiples ressources
pour stimuler le progrès dans la connaissance de la vérité, de façon à rendre
son existence toujours plus humaine. Parmi elles ressort la philosophie, qui
contribue directement à poser la question du sens de la vie et à en ébaucher la
réponse. C’est une propriété innée de sa raison que de s’interroger sur les
pourquoi des choses. L’Eglise n’est pas étrangère à ce parcours de
recherche. L’Eglise, pour sa part, ne peut qu’apprécier les efforts de la
raison pour atteindre des objectifs qui rendent l’existence personnelle
toujours plus digne : la vérité. En même temps, elle considère la philosophie comme une aide indispensable
pour approfondir l’intelligence de la foi et pour communiquer la vérité de
l’Evangile à ceux qui ne la connaissent pas encore.
CHAP. I. LA REVELATION
DE LA SAGESSE DE DIEU
I.
Jésus
révèle le Père
Toute la réflexion de l’Eglise contenue dans les
saintes Ecritures est un message de foi en Dieu. Par son caractère de foi, la
connaissance que l’Eglise propose à
l’homme ne se fera donc pas seulement comme spéculation de proprement humaine,
mais ayant conscience qu’il a accueilli cette parole dans la foi. L’initiative
gratuite que Dieu entreprend de se faire connaître par l’homme porte celui-ci à
la toute vraie connaissance: reconnaître Dieu non comme imposant, mais comme sauveur par qui le sens de notre vie
peut être compris. La critique rationaliste sera donc vaine ici, car Dieu étant
pleinement Sage, ne trompe et ne peut vouloir tromper. Cela ne vaut pas à
séparer la foi et la raison naturelle. La raison naturelle évitera donc de
s’aventurier en critiquant ce qui est d’ordre surnaturel (de la grâce divine).
L’incarnation du Fils de Dieu permet d’ores et déjà de constater la supériorité
de la foi : la raison naturelle est et sera incapable de l’exprimer avec
ces principes naturels. Jésus, Fils unique de Dieu venu sur terre manifester ouvertement
la sagesse infinie de Dieu ; à partir de Lui nous pouvons imaginer ce
qu’est le Père Tout-Puissant.
II.
Quel rôle peut avoir la raison
devant le mystère ?
Il
ne faudra jamais oublier que la Révélation demeure empreinte de mystère[1].
Le Dieu qui se fait connaître dans sa divinité, sa transcendance et sa liberté
absolues est digne de foi. Par son assentiment par la foi, l’homme se reconnaît
incapable de comprendre pleinement et intégralement la vérité de ce qui est
révélé. La vérité tellement supérieure donnée à l’homme incite la raison pour
l’intercommunication. C’est pour cette raison que Dieu qui sait tout lui a
donné une capacité supplémentaire : la raison. Par elle, l’homme peut
librement comprendre cette invitation à la collaboration, et par conséquent y
répondre librement. C’est pour cela même que l’acte par lequel l’homme s’offre
à Dieu est considéré par l’Eglise comme un moment de chois fondamental où toute
la personne est impliquée. C’est dire que dans la foi, la liberté n’est pas
seulement présente, mais exigée. Par ces considérations, nous pouvons
comprendre déjà ce qu’est la raison pour la foi et ce qu‘est celle-ci
pour la raison.
CHAP
III. CREDO UT INTELLIGAM/ INTELLEGO UT CREDAM
De ce qui précède, nous trouvons
que la raison est valorisée et non surestimée. Tout ce qu’elle atteint peut
être vrai, mais elle n’acquiert une pleine signification que si son contenu est
placé dans une perspective plus vaste, celle de la foi en Dieu, car c’est le
Seigneur qui dirige les pas de l’homme. C’est que l’homme atteint
effectivement, par la raison, la vérité,
parce que, éclairé par la foi, il trouve le sens profond de toute chose (en
particulier de sa propre existence). L’ouverture au mystère e la Révélation
sera pour l’homme une source d’une vraie connaissance qui permet à la raison de
s’engager dans des domaines infinis, ce qui lui donnerait une possibilité de
compréhension inespérée. C’est le Credo ut intelligam.
Par Intelligo ut credam, ARISTOTE dans son
œuvre intitulée « métaphysique », montre que tous les hommes
ont le désir de connaitre ; et l’objet de cette aspiration est la Vérité.
Ainsi dit, l’homme set l’unique être dans toute la création visible qui, non
seulement est capable de savoir, mais qui sait aussi connaitre et, pour cela,
il s’intéresse à la Vérité réelle de ce qui lui apparait. Saint Augustin
dit : « J’ai rencontré beaucoup de gens qui voulaient tromper, mais
personne qui voulait se faire tromper ». La Vérité se présente à l’homme
sous une forme interrogative : La vie a-t-elle un sens ? Pourquoi
vivre ? Qui est l’homme ? D’où vient-il et où va-t-il ? la mort,
quid ? Leibniz qui dit : Pourquoi il y a- t- il quelque chose plutôt
que rien ? Avec ces différentes questions que l’homme est à la recherche
de la Vérité. Tout homme est d’une manière, philosophe d’autant plus qu’il
possède ces conceptions philosophiques avec lesquelles il oriente sa vie. Si la
foi interprète l’idée et la met dans la conclusion de l’esprit de l’homme, la
raison elle, recherche ; elle donne
à l’homme une connaissance puissante. Pour connaitre, il faut d’abord
comprendre de la manière dont le chapitre se présente devant nous. Cependant St
Paul présente Dieu comme Créateur, comme
celui qui est au dessus de toute chose et qui donne la vie à tout à
partir de ses paroles « eh bien ce que vous adorez sans connaitre, je
viens moi vous annoncer »[2]
(Ac 17,26-27). Elle est une discipline du savoir. Elle se penche au matérialisme
avec les méthodes expérimentales et des résultants écartant de doute.
Deux noms différents
représentent aussi deux choses différentes. La raison et la foi sont deux
choses différentes comme leurs définitions indiquent. Or, pour connaitre, il
nous faut une intelligence. Ce l’homme qui utilisera cette intelligence, à partir de sa sensation
ou la perception eue pour arriver à la connaissance. Cela veut dire qu’il y a
toute une démarche que l’intelligence doit faire pour arriver à la
connaissance : il ya d’abord un fait de sensoriel ou perceptible ;
celle-ci entre dans l’intelligence et dans des organes du système nerveux
centrale pour l’identification de l’objet perçu et pour le juge. Elle s’occupe
des faits ; elle empêche la foi de sombrer dans l’irrationalisme importé
et l’obscurantisme. Le chrétien aura la Foi en Dieu pour espérer un jour à entrer
dans le Royaume des cieux, après avoir comprendre à qui il mit sa confiance.
L’homme qui a fait confiance à quelqu’un, admet facilement et sans objection
aux propos qui lui sont révélés par son homme de confiance. Il reçoit alors les
instructions en silence et en entière soumission. La « Foi » profite
de cette confiance que les hommes ont faite en elle pour transmettre les
vérités sans démontrer l’instrument de la Foi, c’est le livre appelé
« Bible » que certains hommes appelés Chrétiens considèrent comme la
Parole de Dieu révélée par les Prophètes. Ce livre est apparut plus tard après
la mort de celui qu’on a appelé Jésus et dont sa venue a donné une ère nouvelle
sur la vie des hommes. C’est dans ce livre que la Foi puise des connaissances
pour donner à ses membres appelés « fideles ».
CHAP. IV : LA
FOI ET RAISON DANS L’HISTOIRE CHRETIENNE
Alors que la masse des chrétiens
et même des pères de l’Eglise n’éprouvaient que répugnance à l’égare de la philosophie « entendue comme sagesse étable à la
mesure de la seule force humaine », et à tout travail de réflexion, Saint
Augustin fut pourtant l’un de ceux qui ont exercé avec plus d’audace( ?) le
dialogue spirituel de la raison et de la foi ; cela selon la double formule qui, pour lui, résume
tout : « Comprendre ce que l’on
croit. Croire ce que l’on comprend ».
Saint Anselme de son tour défend
admirablement une connaissance intermédiaire « une perception
intellectuel» entre la foi et la vue. Il reprend les idées de Saint Augustin dans
lea rapport foi- raison qu’il résume dans sa devise « fides que rens intellectum », i.e. «
la foi doit chercher à s’éclairer par la raison ». Pour ce faire, il
souligne qu’il faut d’abord s’établir fermement dans la foi, car la foi est pour
l’homme la donnée à partie de laquelle il doit partir. Pur lui, on ne comprend
pas afin de croire, mais on croit afin de
comprendre. Il s’en exprime en ces termes : « Je ne cherche
pas à comprendre pour croire, mais je
crois pour comprendre ». Pour saint Anselme la foi oriente la
raison ; et donc la foi précède la raison. La foi implique et même exige
l’adhésion de l’intelligence à ce que l’on croit. Raison et intelligence sont
au service de la foi.
Selon Saint Thomas, une analyse
de l’esprit humain en lui-même découvre une certaine structure qui n’est pas
seulement logique ou psychologique, mais réellement métaphysique en ce que
c’est l’être en tant que qu’être, comme le disait Aristote. L’acte de foi
transcende toute raison humane, mais il peut cependant et doit s’exprimer dans
la raison humaine. Cette expression donne ainsi lieu à un savoir qui est théologique, puisqu’il est savoir du sujet de
la révélation absolue, mais en même temps cette théologie exprime
nécessairement sur le fond philosophique
de la raison. La nouveauté de Saint Tomas d’Aquin n’est pas d’abord d’avoir
construit un nouveau système théologique, mais de l’avoir construit sur une
structure proprement et consciemment philosophique. Pour lui la philosophie est
la servante de la théologie. Mais pour
mieux s’assurer des services de son esclave, la théologie doit commencer
par l’affranchir. Bien entendu Dieu étant unique, la vérité est une et il ne saurait y avoir aucune contradiction,
donc aucun conflit entre les vérités de la foi et celles de la raison.
Lorsqu’un conflit apparait entre le dogme et une affirmation de la raison,
c’est tout simplement que cette soi-disant vérité rationnelle est en fait en
erreur.
Le
christianisme et la philosophie
Dans
l’histoire du développement du christianisme, il est important de constater que
les penseurs chrétiens ont repris la pensée philosophique de manière critique.
Parmi les premiers exemples que l’on trouver, celui de l’Origène est
certainement significatif. Contre les attaques portées par les philosophes Celtes,
Origène utilise la philosophie platonicienne pour argumenter. En se référant à
un grand nombre d’éléments de la pensée platonicienne, il commence à élaborer
une première forme de théologie chrétienne. Le mot même et le concept de
théologie, comme discours rationnel sur Dieu, étaient liés jusqu’alors à leur origine
grecque. Dans la philosophie aristotélicienne, par exemple, ce mot désignait la
partie la plus noble et le véritable sommet de discours philosophique.
A
la lumière de la révélation
chrétienne, au contraire, ce qui indiquait d’abord une
doctrine générale sur la divinité vint prendre un sens entièrement
nouveau dans la mesure où cela définissait la réflexion accomplie par le
croyant pour exprimer la véritable
doctrine sur Dieu. Cette nouvelle pensée chrétienne en se développement se
servait de plus bel de la philosophie, mais elle tendait en même temps à s’en
distinguer nettement. L’histoire montre
que la pensée platonicienne elle-même,
utilisée par la théologie, a subi de profondes transformations, en particulier
dans le domaine de concepts comme l’immortalité de l’âme, la divinisation de
l’homme et l’origine de mal. Dans cette œuvre du christianisme dans la pensée platonicienne et néo-platonicienne,
il faut mentionner particulièrement les pères Cappadociens, Denys dit
l’Aréopagite et surtout saint Augustin. Grand Docteur d’occident était entré en
contact avec différentes écoles philosophiques. Quand la vérité de la foi
chrétienne se trouva devant elles, il eut alors la force d’accomplir la conversion
radicales à la quelle les philosophes rencontrés auparavant n’avaient pas
réussi à l’amener. Il en donne lui-même la raison : « Préférant
désormais pour la doctrine catholique, je sentais que chez elle, il était
demandé avec de plus de mesure et sans aucun désir de tromperie, de croire ce
qui n’était démontré-soit qu’il y ait eu
démonstration(…) »[3]
C’est donc de diverses manières
que les pères d’orient et d’occident sont entrés en rapport avec les écoles
philosophiques. Cela ne signifie pas
qu’ils aient identifié le contenu de leur message avec les systèmes auxquels se référaient ces écoles. La question de Tertullien : « Qu’ont
de commun Athènes et Jérusalem ? L’Académie et l’Eglise ? » Est
un signe claire de la conscience critique avec laquelle les penseurs chrétiens, depuis les origines,
abordèrent le problème des rapports entre la foi et la philosophie, en le
voyant globalement sous ses aspect positifs et avec ses limites. Ce n’étaient
pas des penseurs naïfs. C’est bien parce qu’ils vivaient intensément le contenu
de la foi qu’ils avaient atteindre les formes les plus profonde de la
spéculation. Il est donc injuste et
réducteur de ne voir dans leur œuvre que la transposition des vérités de la foi
en catégories philosophiques. Les pères
réussirent en effet à faire surgir en plénitude
ce qui demeurait encore implicite
et en germe dans la pensée des grands philosophe antiques. Ces derniers, comme
signalé plus haut, avaient eu la mission de montrer dans quelle mesure la
raison, de livrée de ses liens extérieurs, pouvait sortir de l’impasse de mythes,
pour s’ouvrir de manier plus adaptée à la transcendance. Une raison purifiée et
droite était donc en mesure de montrer jusqu’aux degrés le plus élevés de la réflexion, en donnant un fondement solide
à la perception de l’être, de la transcendance et de l’absolu.
En résumé, l’Ecriture sainte et
l’histoire chrétienne précisent la foi comme une possibilité de démarche par la
lumière naturelle de la raison humaine. Il s’agit non pas d’une évidence directe,
ni d’une preuve au sens mathématique, mais de « voies d’accès »
aboutissant à l’existence d’un principe et d’une fin de toute chose. L’Eglise a
donc une attitude d’une mission nouvelle
par l’enseignement, l’annonce de la révélation, la formation de l’intelligence.
C’est pour quoi, la question de la possibilité d’une nouvelle lecture doit être
honnêtement posée et situé. [4]
CHAP. V :
LES INTERVENTIONS DU MAGISTERE DANS LE DOMAINE
PHILOSOPHIQUE
Notons de prime à bord que
l’Eglise n’a pas sa propre philosophie. La philosophie étant une et
universelle, elle est la recherche incessante de la vérité par ses méthodes et
ses règles même lors qu’elle entre en relation avec la Théologie. L’histoire a
fait apparaitre des déviations et des
erreurs dans lesquelles la pensée
philosophique est tombée et surtout la pensée moderne. Le magistère a comme
devoir de réagir de manière claire et forte quand il ya des thèses
philosophiques qui sont discutables menacent la compréhension du donné révélé
et même quand on diffuse des théories fausses qui répandent de graves erreurs
qui trouble la pureté de la foi du peuple de Dieu. Pendant le concile Vatican
I, il était proposé au peuple de ne pas séparer la connaissance naturelle de
Dieu et la révélation ainsi que la raison et la foi. Contre toute forme de
rationalisme, il fallait faire la distinction entre les mystères de la foi
et les découvertes philosophiques, ainsi
que la transcendance et l’antériorité
des premiers (mystères de la foi) par rapport aux secondes ; d’autres
parts contre les tentations du fidéisme, en réaffirmant l’unité de la vérité et
aussi la contribution positive que la connaissance rationnelle peut et doit
apporter à la connaissance de la foi :
« Mais,
bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai
désaccord entre la foi et la raison, étant donné que c’est le même Dieu qui
révèle les mystères et communique la foi, et qui fait descendre dans l’esprit
humain la lumière de la raison : Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le
vrai contredire jamais le vrai ».[5]
Selon le Pape PIE XII, dans son
encyclique « Humani generis » il met l’Eglise en garde contre
les interprétations erronées aux thèses de l’Existentialisme, l’Evolutionnisme
et de l’historicisme, car selon lui, ses thèses avaient leur origine en dehors
du bercail du Christ. Il est nécessaire de les examiner d’une façon critique.
Les Théologiens et philosophes catholiques qui ont la lourde charge de défendre
la vérité humaine et Divine et de la faire pénétrer dans les esprits humains ne
peuvent pas négliger ni ignorer ces différents systèmes qui s’écartent de la
voie droite. Ils doivent les connaitre en vue de les réparer.
L’intérêt de
l’Eglise pour la philosophie
Saint Thomas d’Aquin est une
grande figure dans l’Eglise, d’autant plus qu’il s’est beaucoup donné aux
études philosophiques et il est appelé même Docteur angélique. A propos de ce
dernier, le Pape Léon III avait écrit : « Au moment même où, comme il convient, il distingue parfaitement
la foi et la raison, les unit toutes deux par des liens d’amitié
réciproque : il conserve à chacune ses droits propres et en sauvegarde la
dignité ». Le concile Vatican II s’est préoccupé de l’enseignement de la philosophie, a l’étude
de laquelle les candidats au sacerdoce doivent s’y consacrer. Le concile
déclare :
« Les
disciplines philosophiques seront enseignées de telle façon que les
séminaristes soient amenés en premier lieu à acquérir une connaissance solide
et cohérente de l’homme, du monde et de Dieu, en s’appuyant sur le patrimoine philosophique toujours
valable, en tenant compte également des recherches philosophiques plus
récentes ».
Ces études philosophiques
aideront les futurs évangélisateurs à être mûrs, compétents, responsables
surtout dans le siècle d’aujourd’hui où il y a la révolution et le progrès
scientifiques ;comme nous le dit le philosophe allemand appelé Heidegger
en ces termes : « la
vraie tache du philosophe est de dégager la compréhension pré
conceptuelle préalable (même non sue ) qui sous-tend le discours de la
théologie. En ce sens, le travail du philosophe se situe en amont des concepts
théologiques. Cette détermination du rapport entre les deux sciences
(philosophie et théologie) est commandée par le premier axiome :
« toute explication ontique se meut sur le fondement d’une
ontologie » . Dans la vie
pastorale, il doit apprendre à résoudre des problèmes qui s’imposent, en saisir
les causes et y répondre aisément. Dans cet encyclique « Fides et Ratio », le pape JEAN-PAUL
II rappelle avec force que l’étude de la philosophie revêt un caractère
fondamentale et qu’on ne peut l’éliminer de la structure des études
théologiques et de formation des candidats au sacerdoce. Le curriculum des études théologiques est précédé
d’un temps des études philosophiques.
CHAP. VI. INTERACTION
ENTRE LA THEOLOGIE ET LA PHILOSOPHIE
1. La
science de la foi et les exigences de la raison philosophique.
La thèse à développer dans ce
chapitre se formule de la manière suivante : « La parole de Dieu
s’adresse sans distinction à tout homme, mais l’homme est naturellement
philosophe ». Que faire? La question est pertinemment grave, mais nous
pousse à répondre anticipativement comme suite : « la théologie, en
tant qu’élaboration scientifique et
réfléchie de l’intelligence de cette parole à la lumière de la foi, ne peut
s’abstenir d’entrer en relation avec les philosophies »[6].
Le pape Jean-Paul II ne désire donc pas séparer les deux doctrines, mais il
veut notifier d’une part certaines tâches propres à la théologie, et d’autre
part, le recourt nécessaire à la
philosophie, mais en vertu de la nature de la parole révélée. C’est dire que la
philosophie critique la Parole révélée de la même manière qu’avec d’autres
écrits. Explicitons-nous !
La théologie, comme science de la
foi, s’organise à la lumière d’un double
principe méthodologique : l’auditus
fidei et l’intellectus fidei.[7]
Le premier exprime l’audition fidèle
du contenu de la Révélation dans la sainte Tradition, le second veut répondre
aux problèmes de réflexion spéculative, i.e. aux exigences spécifiques de la
pensée. Comment agit la philosophie dans chacun de ces principes
théologiques ? Sur le premier, la
philosophie est préparatoire. Qu’est-ce à dire ?
-
Elle
prépare à un auditus fidei correct
quand elle étudie les structures de la
connaissance et dans la communication personnelle et, en particulier, les
formes et fonctions du langage. C’est donc en vue d’une compréhension cohérente
de la Tradition ecclésiale, des énoncés du Magistère et des sentences de grands
maîtres de la théologie (Saint Thomas d’Aquin…), l’apport philosophique est
aussi important. Dans ce cas donc, celui
qui se dit « théologien doit non seulement exposer les concepts et les
termes que l’Eglise pense et élabore son enseignement, il doit aussi connaître
en profondeur les systèmes philosophiques qui on t éventuellement influencé ces
notions bibliques »[8].
-
Parvenir
à un authentique intellectus fidei
n’est pas seulement fruit de la foi sans sens. C’est dire que la vérité divine
jouit d’une intelligibilité propre, avec une cohérence logique, et donc un
authentique savoir. L’intellectus fidei explicite cette vérité non seulement en
y incluant les structures logiques et conceptuelles des propositions, mais
aussi, et avant tout, en faisant apparaître
la signification salvifique
pour les personnes. C’est la qualité d’expression ou l’argumentation qui compte
ici pour une large part de cette dimension théologique.
Ainsi donc la théologie
dogmatique, en vertu de son caractère dogmatique, doit non seulement expose le
mystère sacré, mais doit aussi être en mesure
d’articuler le sens universel du mystère de Dieu Un et Trine, i.e.
formuler de manière critique et universellement communicable : il ne
suffit pas de dire que la trinité est un mystère, mais bien plus le communiquer
pour culminer à la foi. La théologie
fondamentale à son tour se déploiera à la connaissance de Dieu par les
créatures ou mieux les œuvres sensibles de Dieu. Ici nous pouvons en
citer : l’origine de la raison humaine, du langage humain,… ces vérités, qui
relèvent essentiellement de la
philosophie, conduisent à reconnaître un Etre supérieur : Dieu. La
recherche des conditions dans lesquelles l’homme se questionne sur le sens
fondamental de la vie, sur la finalité de la vie et de la nature de l’au-delà constitue
pour la théologie fondamentale un nécessaire préambule pour la foi. En
comprenant logiquement ces vérités
naturelles, l’on peut arriver réellement à comprendre la puissance de cet Etre.
C’est dire que la théologie présuppose la philosophie. Il en est de même de la
théologie morale : dans la vie chrétienne, la vie humaine est beaucoup
réglée par des prescriptions comme il en est dans la morale et l’éthique. C’est
dire que ce ne sont pas les opinions philosophiques dans leur diversité qui
peuvent être utile à la théologie, mais seulement la Vérité qu’elles
recherchent.
En définitive, concernant la science de la foi et les exigences de la
raison philosophique, la relation qui doit opportunément s’instaurer entre
la philosophie et la théologie sera placée sous le signe de la circularité. Pour la théologie d’une
part, le point de départ devra toujours la Parole de Dieu révélée dans
l’histoire, tandis que son objectif final ne pourra être que l’intelligence de
cette parole. D’autre part, puisque la Parole de Dieu est la vérité, sa bonne
compréhension nécessite une recherche humaine de la vérité : la
philosophie. Par ce contact, la raison du croyant sera alors comme avertie et
guidée vers la vérité Révélée, vers la vérité pure et simple.[9] De cette relation avec la parole de Dieu, la
philosophie sort enrichie parce que la raison découvre des horizons nouveaux et
insoupçonnés.
2. Différentes
situations de la philosophie.
A travers l’histoire de la foi
chrétienne, il se distingue plusieurs philosophies, et ici nous indiquerons les
diverses situations avec la foi chrétienne. La 1e est celle de
la philosophie totalement indépendante de la Révélation évangélique. Celle-ci
ne recourt qu’aux forces de la raison. La théorie de la philosophie appelée
« séparée » adoptée par un
certain nombre de philosophes modernes s’éloigne de manière évidente
illégitimement de la Révélation divine. Or, refuser les apports de la vérité
venant de la Révélation divine signifie s’interdire l’accès à une profonde
connaissance de la vérité. La deuxième situation est celle que l’on nomme philosophie chrétienne : on
n’entend pas par là une philosophie officielle de l’Eglise, parce que la foi
comme telle n’est pas une philosophie, mais une spéculation philosophique
conçue en union avec la foi. Cette dimension consiste à la purification de la
raison par la foi parce qu’en tant que vertu théologale, la foi libère la
raison des présomptions auxquelles les philosophies sont sujets.
En dernier lieu, une autre
situation significative de la philosophie figure lorsque la théologie elle-même
fait appel à la philosophie, parce qu’en réalité, la théologie a toujours eu et
continue d’avoir besoin de l’apport philosophique. Etant une œuvre de la raison
critique à la lumière de la foi, le travail théologique exige une raison
éduquée et formée sur le plan des arguments, et sur l’intelligibilité de ses assertions. Ce n’est pas par hasard
que les Pères et théologiens médiévaux ont eu recourt aux philosophes non
chrétiens pour cette fonction explicative. Ce sera une aide de faire comprendre
aux chrétiens cette interaction entre foi et raison, car « même croire n’est autre chose que penser en
donnant son assentiment (…) Qui croit
pense, et en croyant il pense (…) Si
l’on supprime l’assentiment, on supprime la foi, car sans assentiment, on ne
croit pas du tout. »[10]
CONCLUSION
En définitif, la foi et la raison
sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la
contemplation de la vérité. C’est Dieu qui amis au cœur de l’homme le désir de
connaître la vérité et, au terme, de le connaître lui-même afin que, Le
connaissant et l’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même. De
là le magistère doit stimuler un mode de pensée philosophique qui ne soit pas
en dissonance avec la foi. Ainsi progressivement, on ressent le besoin de
réconcilier le christianisme et la philosophie. Ce fut saint Thomas d'Aquin qui remit en forme la pensée
chrétienne à partir de la philosophie des anciens.
[1]
JEAN-PAUL II, Fides et Ration, aux
évêques de l’église catholique sur le rapport entre la foi et la raison, Kinshasa,
Médiaspaul, sd., p. 16.
[2]
JEAN-Paul II,op.cit. p..31-42.
[3]
JEAN-PAULII, op.cit., p.48
[4]
M.BARBELLION, Les preuves de l’existence de Dieu. Pour une
relecture de cinq voies de , Saint Thomas
d’D’Aquin, cerf, Paris, 1999, pp 136
[5]
JEAN-PAULII, op.cit., p. 63.
[6]
JEAN-PAUL II, op.cit, p.75.
[7]
Ibid., p. 75.
[8]
JEAN-PAUL II, op.cit, p. 76
[9]Ibid.., p. 85
[10] St AUGUSTIN, De praedestinatione sanctorum, 2,5:PL44,963, cité par JEAN-PAUL II, Ibid., p. Apocalypse chapitre 17
1 Alors un
des sept anges qui avaient les sept coupes vint et me parla, en disant : Viens,
et je te montrerai la condamnation de la grande prostituée, qui est assise sur
de vastes (les grandes) eaux,
2 avec
laquelle les rois de la terre se sont souillés, et les habitants de la terre
ont été enivrés du vin de sa prostitution.
3 Et il me
transporta en esprit dans le désert. Et je vis une femme assise sur une bête de
couleur écarlate, couverte de noms de blasphèmes, qui avait sept têtes et dix
cornes.
4 Et la
femme était vêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or, de pierres
précieuses et de perles ; elle avait dans sa main une coupe d'or, pleine des
abominations et de l'impureté de sa fornication.
5 Et sur son
front était écrit ce nom : Mystère ; Babylone la grande, la mère des
fornications et des abominations de la terre.
6 Et je vis
cette femme, ivre du sang des saints, et du sang des martyrs de Jésus ; et en
la voyant, je fus frappé d'un grand étonnement.
7 Et l'ange
me dit : Pourquoi t'étonnes-tu ? Je te dirai le mystère de la femme, et de la
bête qui la porte, et qui a sept têtes et dix cornes.
8 La bête
que tu as vue était et n'est plus ; elle doit monter de l'abîme et aller à la
ruine (perdition) ; et les habitants de la terre dont les noms ne sont pas
écrits dans le livre de vie depuis la création du monde, s'étonneront en voyant
la bête, qui était et qui n'est plus.
9 Et ici il
faut une intelligence qui ait de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes
sur lesquelles la femme est assise ; elles sont aussi sept rois.
10 Cinq sont
tombés ; l'un est, et l'autre n'est pas encore venu, et quand il sera venu, il
doit demeurer peu de temps.
11 La bête,
qui était et qui n'est plus, est elle-même la huitième ; et elle est des sept,
et elle va à la ruine (perdition).
12 Et les
dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n'ont pas encore reçu la royauté ;
mais ils recevront la puissance comme rois pendant une heure, avec la bête.
13 Ils ont
un même dessein, et ils donneront leur force et leur puissance à la bête.
14 Ils
combattront contre l'Agneau, et l'Agneau les vaincra, parce qu'il est le
Seigneur des seigneurs, et le Roi des rois ; et ceux qui sont avec lui sont les
appelés (les) élus et (les) fidèles.
15 Et il me
dit : Les eaux que tu as vues à l'endroit où la prostituée est assise, sont des
peuples, des nations et des langues.
16 Et les
dix cornes que tu as vues sur la bête haïront la prostituée, et la rendront
désolée et nue, et dévoreront ses chairs, et la (ils les) brûleront elle-même
avec le feu.
17 Car Dieu
leur a mis dans le cour de faire ce qui lui plaît, et de donner la royauté à la
bête, jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies.
18 Et la
femme que tu as vue, c'est la grande ville, qui a la royauté sur les rois de la
terre.
Notes et
Commentaires
Versets
17.1-5 La grande
Babylone. « Sous les noms symboliques de prostituée et de Babylone, c'est bien
la Rome païenne, la Rome des Césars, la ville aux sept collines, représentant
l'empire romain tout entier, qui est ici décrite. Aussi est-ce à cette ville et
à cet empire que la plupart des interprètes appliquent ce chapitre. Ceux qui
reportent à la fin des temps les événements annoncés par les visions de
l'Apocalypse ne le contestent pas ; mais, selon eux, saint Jean n'emprunte que
ses couleurs et ses traits à la Rome des Césars, et ce n'est pas elle qu'il a
réellement en vue, mais, soit la même ville redevenue païenne à la fin des
temps, soit une autre ville riche et puissante, idolâtre et corrompue, qui
sera, dans les derniers jours du monde, l'a capitale du dernier empire
antichrétien. Comparer à Apocalypse, 14, 8. ― Assise sur les grandes eaux :
trait emprunté à la Babylone historique située sur l'Euphrate, (voir Jérémie,
51, 13). Ces eaux signifient des peuples, des foules, et des nations (verset
15), sur lesquels règne la prostituée. » (Chanoine CRAMPON, 1 885) ― « Le nom
que porte la femme assise sur les grandes eaux, indique qu'elle est une personnification,
un symbole dont il faut saisir le sens : mystère. Or, la bête [étant préfigurée
par] l'empire idolâtre et persécuteur, la femme qui est assise sur la bête doit
figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège principal de
l'idolâtrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne ; et l'on peut dire
que tout le monde aujourd'hui la reconnaît (…). ― Que cette femme représente
une ville, saint Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville
est la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu'elle a
sept montagnes et sept rois, qu'elle étend sa domination sur tous les peuples
et sur tous les princes. Une telle indication suffirait à elle seule ; car Rome
n'était pas désignée autrement à cette époque, et nulle autre ville n'a été
désignée ainsi. ― Cette grande ville est représentée comme le principal soutien
de l'idolâtrie, comme une source d'erreurs et de dépravation pour l'univers
entier. Elle est pleine d'abominations et d'impuretés, c'est-à-dire d'idoles et
de temples païens. Elle est couverte d'inscriptions sacrilèges et
blasphématoires. C'est une Nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que
pour l'orgueil, la puissance et l'impiété. Elle persécute le christianisme ;
elle s'enivre du sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr
des apôtres et des prophètes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour
la cause de la vérité est répandu par elle. ― Qui pourrait méconnaître à ces
traits la Rome des empereurs, telle qu'était sous Domitien, au moment du
martyre de saint Jean et de son exil à Patmos ? Nous avons déjà vu que les
chrétiens la nommaient Babylone. On l'appelait aussi Sodome ou l'Egypte. Non
contente de professer l'idolâtrie, elle s'attribuait à elle-même la divinité. ―
Elle se disait éternelle ; et comme ses empereurs, vivants et morts, elle avait
ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs aussi bien
que dans les provinces. ― Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses
persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument
irrécusable. ― Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l'ancienne, pour ne
jamais se relever. Elle était destinée à être la proie de ceux qu'elle
opprimait, à passer par le fer et par le feu, come un criminel voué au
châtiment divin, et enfin, à être ruinée de fond en comble. Sa chute devait
jeter par toute la terre l'effroi, la stupeur, la désolation, mais en même
temps être le signal du triomphe de l'Eglise dans le monde entier. Les
chrétiens échapperaient au châtiment, comme ils avaient échappé à la
corruption. ― Il suffit d'avoir lu l'histoire du quatrième et du cinquième
siècle pour reconnaître dans la ruine de Rome [la parfaite préfiguration] de
ces prédictions. Prise, pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths
(409), par Genséric, roi des Vandales (455), par Odoacre, roi des Hérules
(466), par Totila, roi des Ostrogoths (546), la capitale de l'empire finit par
disparaître sous ses débris avec ses dieux et ses temples. L'empire devint la
proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome qu'un petit nombre de
chrétiens qui bâtirent une nouvelle cité, à la place des ruines de l'ancienne.
» (L. BACUEZ.)
Versets
17.10-13 « Bisping
et les partisans de l'interprétation eschatologique [disent ceci] : les sept
têtes sont les puissances de ce monde qui, dans la suite de l'histoire, ont
fait ou feront tour à tour la guerre au peuple de Dieu : Egyptiens, Assyriens,
Babyloniens, Médo-Perses, Macédoniens, Romains. Etats modernes sortis de la
Révolution ou imbus de ses principes. Quand l'élément antichrétien aura atteint
son plein développement, viendra un huitième roi, sorti des sept (et non pas
l'un d'eux, comme on traduit souvent), c'est-à-dire une puissance mondaine, qui
résumera en elle et portera au suprême degré l'impiété des sept premières. Les
dix cornes désignent les divers Etats de la fin des temps, Etats non
indépendants, mais vassaux, soumis à la souveraineté de l'Antéchrist (la bête.
Bisping lit ouk, non, au lieu de oupô, nondum). Voilà pourquoi elles ne portent
pas de couronnes (comparer à Apocalypse 13, 1). Leurs pouvoir durera une heure,
c'est-à-dire peu de temps, car ils seront vaincus par l'Agneau (verset 14 :
cette victoire de l'Agneau est décrite au chapitre 19). » (CRAMPON, 1 885)
Verset 17.12 Pour une heure ; pendant une heure
; d'autres traduisent : A la même heure, dans une même heure ; mais la première
interprétation est plus conforme au texte sacré.
Verset 17.14 Voir 1 Timothée, 6, 15 ;
Apocalypse, 19, 16.
Verset 17.15 Des peuples, des nations et des
langues : « ces expressions amoncelées ont pour but de montrer Rome comme le
centre où affluent et se mêlent dans leur étrange variété toutes les nations de
la terre. » (CRAMPON, 1 885)
Verset 17.18 La grande ville, Rome. « La Rome
des Césars [préfigurant] une nouvelle Rome de la fin des temps, comme la Rome
des Césars était une autre Babylone. » (CRAMPON, 1 885)
INTRODUCTION
L’homme possède de multiples ressources
pour stimuler le progrès dans la connaissance de la vérité, de façon à rendre
son existence toujours plus humaine. Parmi elles ressort la philosophie, qui
contribue directement à poser la question du sens de la vie et à en ébaucher la
réponse. C’est une propriété innée de sa raison que de s’interroger sur les
pourquoi des choses. L’Eglise n’est pas étrangère à ce parcours de
recherche. L’Eglise, pour sa part, ne peut qu’apprécier les efforts de la
raison pour atteindre des objectifs qui rendent l’existence personnelle
toujours plus digne : la vérité. En même temps, elle considère la philosophie comme une aide indispensable
pour approfondir l’intelligence de la foi et pour communiquer la vérité de
l’Evangile à ceux qui ne la connaissent pas encore.
CHAP. I. LA REVELATION
DE LA SAGESSE DE DIEU
I.
Jésus
révèle le Père
Toute la réflexion de l’Eglise contenue dans les
saintes Ecritures est un message de foi en Dieu. Par son caractère de foi, la
connaissance que l’Eglise propose à
l’homme ne se fera donc pas seulement comme spéculation de proprement humaine,
mais ayant conscience qu’il a accueilli cette parole dans la foi. L’initiative
gratuite que Dieu entreprend de se faire connaître par l’homme porte celui-ci à
la toute vraie connaissance: reconnaître Dieu non comme imposant, mais comme sauveur par qui le sens de notre vie
peut être compris. La critique rationaliste sera donc vaine ici, car Dieu étant
pleinement Sage, ne trompe et ne peut vouloir tromper. Cela ne vaut pas à
séparer la foi et la raison naturelle. La raison naturelle évitera donc de
s’aventurier en critiquant ce qui est d’ordre surnaturel (de la grâce divine).
L’incarnation du Fils de Dieu permet d’ores et déjà de constater la supériorité
de la foi : la raison naturelle est et sera incapable de l’exprimer avec
ces principes naturels. Jésus, Fils unique de Dieu venu sur terre manifester ouvertement
la sagesse infinie de Dieu ; à partir de Lui nous pouvons imaginer ce
qu’est le Père Tout-Puissant.
II.
Quel rôle peut avoir la raison
devant le mystère ?
Il
ne faudra jamais oublier que la Révélation demeure empreinte de mystère[1].
Le Dieu qui se fait connaître dans sa divinité, sa transcendance et sa liberté
absolues est digne de foi. Par son assentiment par la foi, l’homme se reconnaît
incapable de comprendre pleinement et intégralement la vérité de ce qui est
révélé. La vérité tellement supérieure donnée à l’homme incite la raison pour
l’intercommunication. C’est pour cette raison que Dieu qui sait tout lui a
donné une capacité supplémentaire : la raison. Par elle, l’homme peut
librement comprendre cette invitation à la collaboration, et par conséquent y
répondre librement. C’est pour cela même que l’acte par lequel l’homme s’offre
à Dieu est considéré par l’Eglise comme un moment de chois fondamental où toute
la personne est impliquée. C’est dire que dans la foi, la liberté n’est pas
seulement présente, mais exigée. Par ces considérations, nous pouvons
comprendre déjà ce qu’est la raison pour la foi et ce qu‘est celle-ci
pour la raison.
CHAP
III. CREDO UT INTELLIGAM/ INTELLEGO UT CREDAM
De ce qui précède, nous trouvons
que la raison est valorisée et non surestimée. Tout ce qu’elle atteint peut
être vrai, mais elle n’acquiert une pleine signification que si son contenu est
placé dans une perspective plus vaste, celle de la foi en Dieu, car c’est le
Seigneur qui dirige les pas de l’homme. C’est que l’homme atteint
effectivement, par la raison, la vérité,
parce que, éclairé par la foi, il trouve le sens profond de toute chose (en
particulier de sa propre existence). L’ouverture au mystère e la Révélation
sera pour l’homme une source d’une vraie connaissance qui permet à la raison de
s’engager dans des domaines infinis, ce qui lui donnerait une possibilité de
compréhension inespérée. C’est le Credo ut intelligam.
Par Intelligo ut credam, ARISTOTE dans son
œuvre intitulée « métaphysique », montre que tous les hommes
ont le désir de connaitre ; et l’objet de cette aspiration est la Vérité.
Ainsi dit, l’homme set l’unique être dans toute la création visible qui, non
seulement est capable de savoir, mais qui sait aussi connaitre et, pour cela,
il s’intéresse à la Vérité réelle de ce qui lui apparait. Saint Augustin
dit : « J’ai rencontré beaucoup de gens qui voulaient tromper, mais
personne qui voulait se faire tromper ». La Vérité se présente à l’homme
sous une forme interrogative : La vie a-t-elle un sens ? Pourquoi
vivre ? Qui est l’homme ? D’où vient-il et où va-t-il ? la mort,
quid ? Leibniz qui dit : Pourquoi il y a- t- il quelque chose plutôt
que rien ? Avec ces différentes questions que l’homme est à la recherche
de la Vérité. Tout homme est d’une manière, philosophe d’autant plus qu’il
possède ces conceptions philosophiques avec lesquelles il oriente sa vie. Si la
foi interprète l’idée et la met dans la conclusion de l’esprit de l’homme, la
raison elle, recherche ; elle donne
à l’homme une connaissance puissante. Pour connaitre, il faut d’abord
comprendre de la manière dont le chapitre se présente devant nous. Cependant St
Paul présente Dieu comme Créateur, comme
celui qui est au dessus de toute chose et qui donne la vie à tout à
partir de ses paroles « eh bien ce que vous adorez sans connaitre, je
viens moi vous annoncer »[2]
(Ac 17,26-27). Elle est une discipline du savoir. Elle se penche au matérialisme
avec les méthodes expérimentales et des résultants écartant de doute.
Deux noms différents
représentent aussi deux choses différentes. La raison et la foi sont deux
choses différentes comme leurs définitions indiquent. Or, pour connaitre, il
nous faut une intelligence. Ce l’homme qui utilisera cette intelligence, à partir de sa sensation
ou la perception eue pour arriver à la connaissance. Cela veut dire qu’il y a
toute une démarche que l’intelligence doit faire pour arriver à la
connaissance : il ya d’abord un fait de sensoriel ou perceptible ;
celle-ci entre dans l’intelligence et dans des organes du système nerveux
centrale pour l’identification de l’objet perçu et pour le juge. Elle s’occupe
des faits ; elle empêche la foi de sombrer dans l’irrationalisme importé
et l’obscurantisme. Le chrétien aura la Foi en Dieu pour espérer un jour à entrer
dans le Royaume des cieux, après avoir comprendre à qui il mit sa confiance.
L’homme qui a fait confiance à quelqu’un, admet facilement et sans objection
aux propos qui lui sont révélés par son homme de confiance. Il reçoit alors les
instructions en silence et en entière soumission. La « Foi » profite
de cette confiance que les hommes ont faite en elle pour transmettre les
vérités sans démontrer l’instrument de la Foi, c’est le livre appelé
« Bible » que certains hommes appelés Chrétiens considèrent comme la
Parole de Dieu révélée par les Prophètes. Ce livre est apparut plus tard après
la mort de celui qu’on a appelé Jésus et dont sa venue a donné une ère nouvelle
sur la vie des hommes. C’est dans ce livre que la Foi puise des connaissances
pour donner à ses membres appelés « fideles ».
CHAP. IV : LA
FOI ET RAISON DANS L’HISTOIRE CHRETIENNE
Alors que la masse des chrétiens
et même des pères de l’Eglise n’éprouvaient que répugnance à l’égare de la philosophie « entendue comme sagesse étable à la
mesure de la seule force humaine », et à tout travail de réflexion, Saint
Augustin fut pourtant l’un de ceux qui ont exercé avec plus d’audace( ?) le
dialogue spirituel de la raison et de la foi ; cela selon la double formule qui, pour lui, résume
tout : « Comprendre ce que l’on
croit. Croire ce que l’on comprend ».
Saint Anselme de son tour défend
admirablement une connaissance intermédiaire « une perception
intellectuel» entre la foi et la vue. Il reprend les idées de Saint Augustin dans
lea rapport foi- raison qu’il résume dans sa devise « fides que rens intellectum », i.e. «
la foi doit chercher à s’éclairer par la raison ». Pour ce faire, il
souligne qu’il faut d’abord s’établir fermement dans la foi, car la foi est pour
l’homme la donnée à partie de laquelle il doit partir. Pur lui, on ne comprend
pas afin de croire, mais on croit afin de
comprendre. Il s’en exprime en ces termes : « Je ne cherche
pas à comprendre pour croire, mais je
crois pour comprendre ». Pour saint Anselme la foi oriente la
raison ; et donc la foi précède la raison. La foi implique et même exige
l’adhésion de l’intelligence à ce que l’on croit. Raison et intelligence sont
au service de la foi.
Selon Saint Thomas, une analyse
de l’esprit humain en lui-même découvre une certaine structure qui n’est pas
seulement logique ou psychologique, mais réellement métaphysique en ce que
c’est l’être en tant que qu’être, comme le disait Aristote. L’acte de foi
transcende toute raison humane, mais il peut cependant et doit s’exprimer dans
la raison humaine. Cette expression donne ainsi lieu à un savoir qui est théologique, puisqu’il est savoir du sujet de
la révélation absolue, mais en même temps cette théologie exprime
nécessairement sur le fond philosophique
de la raison. La nouveauté de Saint Tomas d’Aquin n’est pas d’abord d’avoir
construit un nouveau système théologique, mais de l’avoir construit sur une
structure proprement et consciemment philosophique. Pour lui la philosophie est
la servante de la théologie. Mais pour
mieux s’assurer des services de son esclave, la théologie doit commencer
par l’affranchir. Bien entendu Dieu étant unique, la vérité est une et il ne saurait y avoir aucune contradiction,
donc aucun conflit entre les vérités de la foi et celles de la raison.
Lorsqu’un conflit apparait entre le dogme et une affirmation de la raison,
c’est tout simplement que cette soi-disant vérité rationnelle est en fait en
erreur.
Le
christianisme et la philosophie
Dans
l’histoire du développement du christianisme, il est important de constater que
les penseurs chrétiens ont repris la pensée philosophique de manière critique.
Parmi les premiers exemples que l’on trouver, celui de l’Origène est
certainement significatif. Contre les attaques portées par les philosophes Celtes,
Origène utilise la philosophie platonicienne pour argumenter. En se référant à
un grand nombre d’éléments de la pensée platonicienne, il commence à élaborer
une première forme de théologie chrétienne. Le mot même et le concept de
théologie, comme discours rationnel sur Dieu, étaient liés jusqu’alors à leur origine
grecque. Dans la philosophie aristotélicienne, par exemple, ce mot désignait la
partie la plus noble et le véritable sommet de discours philosophique.
A
la lumière de la révélation
chrétienne, au contraire, ce qui indiquait d’abord une
doctrine générale sur la divinité vint prendre un sens entièrement
nouveau dans la mesure où cela définissait la réflexion accomplie par le
croyant pour exprimer la véritable
doctrine sur Dieu. Cette nouvelle pensée chrétienne en se développement se
servait de plus bel de la philosophie, mais elle tendait en même temps à s’en
distinguer nettement. L’histoire montre
que la pensée platonicienne elle-même,
utilisée par la théologie, a subi de profondes transformations, en particulier
dans le domaine de concepts comme l’immortalité de l’âme, la divinisation de
l’homme et l’origine de mal. Dans cette œuvre du christianisme dans la pensée platonicienne et néo-platonicienne,
il faut mentionner particulièrement les pères Cappadociens, Denys dit
l’Aréopagite et surtout saint Augustin. Grand Docteur d’occident était entré en
contact avec différentes écoles philosophiques. Quand la vérité de la foi
chrétienne se trouva devant elles, il eut alors la force d’accomplir la conversion
radicales à la quelle les philosophes rencontrés auparavant n’avaient pas
réussi à l’amener. Il en donne lui-même la raison : « Préférant
désormais pour la doctrine catholique, je sentais que chez elle, il était
demandé avec de plus de mesure et sans aucun désir de tromperie, de croire ce
qui n’était démontré-soit qu’il y ait eu
démonstration(…) »[3]
C’est donc de diverses manières
que les pères d’orient et d’occident sont entrés en rapport avec les écoles
philosophiques. Cela ne signifie pas
qu’ils aient identifié le contenu de leur message avec les systèmes auxquels se référaient ces écoles. La question de Tertullien : « Qu’ont
de commun Athènes et Jérusalem ? L’Académie et l’Eglise ? » Est
un signe claire de la conscience critique avec laquelle les penseurs chrétiens, depuis les origines,
abordèrent le problème des rapports entre la foi et la philosophie, en le
voyant globalement sous ses aspect positifs et avec ses limites. Ce n’étaient
pas des penseurs naïfs. C’est bien parce qu’ils vivaient intensément le contenu
de la foi qu’ils avaient atteindre les formes les plus profonde de la
spéculation. Il est donc injuste et
réducteur de ne voir dans leur œuvre que la transposition des vérités de la foi
en catégories philosophiques. Les pères
réussirent en effet à faire surgir en plénitude
ce qui demeurait encore implicite
et en germe dans la pensée des grands philosophe antiques. Ces derniers, comme
signalé plus haut, avaient eu la mission de montrer dans quelle mesure la
raison, de livrée de ses liens extérieurs, pouvait sortir de l’impasse de mythes,
pour s’ouvrir de manier plus adaptée à la transcendance. Une raison purifiée et
droite était donc en mesure de montrer jusqu’aux degrés le plus élevés de la réflexion, en donnant un fondement solide
à la perception de l’être, de la transcendance et de l’absolu.
En résumé, l’Ecriture sainte et
l’histoire chrétienne précisent la foi comme une possibilité de démarche par la
lumière naturelle de la raison humaine. Il s’agit non pas d’une évidence directe,
ni d’une preuve au sens mathématique, mais de « voies d’accès »
aboutissant à l’existence d’un principe et d’une fin de toute chose. L’Eglise a
donc une attitude d’une mission nouvelle
par l’enseignement, l’annonce de la révélation, la formation de l’intelligence.
C’est pour quoi, la question de la possibilité d’une nouvelle lecture doit être
honnêtement posée et situé. [4]
CHAP. V :
LES INTERVENTIONS DU MAGISTERE DANS LE DOMAINE
PHILOSOPHIQUE
Notons de prime à bord que
l’Eglise n’a pas sa propre philosophie. La philosophie étant une et
universelle, elle est la recherche incessante de la vérité par ses méthodes et
ses règles même lors qu’elle entre en relation avec la Théologie. L’histoire a
fait apparaitre des déviations et des
erreurs dans lesquelles la pensée
philosophique est tombée et surtout la pensée moderne. Le magistère a comme
devoir de réagir de manière claire et forte quand il ya des thèses
philosophiques qui sont discutables menacent la compréhension du donné révélé
et même quand on diffuse des théories fausses qui répandent de graves erreurs
qui trouble la pureté de la foi du peuple de Dieu. Pendant le concile Vatican
I, il était proposé au peuple de ne pas séparer la connaissance naturelle de
Dieu et la révélation ainsi que la raison et la foi. Contre toute forme de
rationalisme, il fallait faire la distinction entre les mystères de la foi
et les découvertes philosophiques, ainsi
que la transcendance et l’antériorité
des premiers (mystères de la foi) par rapport aux secondes ; d’autres
parts contre les tentations du fidéisme, en réaffirmant l’unité de la vérité et
aussi la contribution positive que la connaissance rationnelle peut et doit
apporter à la connaissance de la foi :
« Mais,
bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai
désaccord entre la foi et la raison, étant donné que c’est le même Dieu qui
révèle les mystères et communique la foi, et qui fait descendre dans l’esprit
humain la lumière de la raison : Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le
vrai contredire jamais le vrai ».[5]
Selon le Pape PIE XII, dans son
encyclique « Humani generis » il met l’Eglise en garde contre
les interprétations erronées aux thèses de l’Existentialisme, l’Evolutionnisme
et de l’historicisme, car selon lui, ses thèses avaient leur origine en dehors
du bercail du Christ. Il est nécessaire de les examiner d’une façon critique.
Les Théologiens et philosophes catholiques qui ont la lourde charge de défendre
la vérité humaine et Divine et de la faire pénétrer dans les esprits humains ne
peuvent pas négliger ni ignorer ces différents systèmes qui s’écartent de la
voie droite. Ils doivent les connaitre en vue de les réparer.
L’intérêt de
l’Eglise pour la philosophie
Saint Thomas d’Aquin est une
grande figure dans l’Eglise, d’autant plus qu’il s’est beaucoup donné aux
études philosophiques et il est appelé même Docteur angélique. A propos de ce
dernier, le Pape Léon III avait écrit : « Au moment même où, comme il convient, il distingue parfaitement
la foi et la raison, les unit toutes deux par des liens d’amitié
réciproque : il conserve à chacune ses droits propres et en sauvegarde la
dignité ». Le concile Vatican II s’est préoccupé de l’enseignement de la philosophie, a l’étude
de laquelle les candidats au sacerdoce doivent s’y consacrer. Le concile
déclare :
« Les
disciplines philosophiques seront enseignées de telle façon que les
séminaristes soient amenés en premier lieu à acquérir une connaissance solide
et cohérente de l’homme, du monde et de Dieu, en s’appuyant sur le patrimoine philosophique toujours
valable, en tenant compte également des recherches philosophiques plus
récentes ».
Ces études philosophiques
aideront les futurs évangélisateurs à être mûrs, compétents, responsables
surtout dans le siècle d’aujourd’hui où il y a la révolution et le progrès
scientifiques ;comme nous le dit le philosophe allemand appelé Heidegger
en ces termes : « la
vraie tache du philosophe est de dégager la compréhension pré
conceptuelle préalable (même non sue ) qui sous-tend le discours de la
théologie. En ce sens, le travail du philosophe se situe en amont des concepts
théologiques. Cette détermination du rapport entre les deux sciences
(philosophie et théologie) est commandée par le premier axiome :
« toute explication ontique se meut sur le fondement d’une
ontologie » . Dans la vie
pastorale, il doit apprendre à résoudre des problèmes qui s’imposent, en saisir
les causes et y répondre aisément. Dans cet encyclique « Fides et Ratio », le pape JEAN-PAUL
II rappelle avec force que l’étude de la philosophie revêt un caractère
fondamentale et qu’on ne peut l’éliminer de la structure des études
théologiques et de formation des candidats au sacerdoce. Le curriculum des études théologiques est précédé
d’un temps des études philosophiques.
CHAP. VI. INTERACTION
ENTRE LA THEOLOGIE ET LA PHILOSOPHIE
1. La
science de la foi et les exigences de la raison philosophique.
La thèse à développer dans ce
chapitre se formule de la manière suivante : « La parole de Dieu
s’adresse sans distinction à tout homme, mais l’homme est naturellement
philosophe ». Que faire? La question est pertinemment grave, mais nous
pousse à répondre anticipativement comme suite : « la théologie, en
tant qu’élaboration scientifique et
réfléchie de l’intelligence de cette parole à la lumière de la foi, ne peut
s’abstenir d’entrer en relation avec les philosophies »[6].
Le pape Jean-Paul II ne désire donc pas séparer les deux doctrines, mais il
veut notifier d’une part certaines tâches propres à la théologie, et d’autre
part, le recourt nécessaire à la
philosophie, mais en vertu de la nature de la parole révélée. C’est dire que la
philosophie critique la Parole révélée de la même manière qu’avec d’autres
écrits. Explicitons-nous !
La théologie, comme science de la
foi, s’organise à la lumière d’un double
principe méthodologique : l’auditus
fidei et l’intellectus fidei.[7]
Le premier exprime l’audition fidèle
du contenu de la Révélation dans la sainte Tradition, le second veut répondre
aux problèmes de réflexion spéculative, i.e. aux exigences spécifiques de la
pensée. Comment agit la philosophie dans chacun de ces principes
théologiques ? Sur le premier, la
philosophie est préparatoire. Qu’est-ce à dire ?
-
Elle
prépare à un auditus fidei correct
quand elle étudie les structures de la
connaissance et dans la communication personnelle et, en particulier, les
formes et fonctions du langage. C’est donc en vue d’une compréhension cohérente
de la Tradition ecclésiale, des énoncés du Magistère et des sentences de grands
maîtres de la théologie (Saint Thomas d’Aquin…), l’apport philosophique est
aussi important. Dans ce cas donc, celui
qui se dit « théologien doit non seulement exposer les concepts et les
termes que l’Eglise pense et élabore son enseignement, il doit aussi connaître
en profondeur les systèmes philosophiques qui on t éventuellement influencé ces
notions bibliques »[8].
-
Parvenir
à un authentique intellectus fidei
n’est pas seulement fruit de la foi sans sens. C’est dire que la vérité divine
jouit d’une intelligibilité propre, avec une cohérence logique, et donc un
authentique savoir. L’intellectus fidei explicite cette vérité non seulement en
y incluant les structures logiques et conceptuelles des propositions, mais
aussi, et avant tout, en faisant apparaître
la signification salvifique
pour les personnes. C’est la qualité d’expression ou l’argumentation qui compte
ici pour une large part de cette dimension théologique.
Ainsi donc la théologie
dogmatique, en vertu de son caractère dogmatique, doit non seulement expose le
mystère sacré, mais doit aussi être en mesure
d’articuler le sens universel du mystère de Dieu Un et Trine, i.e.
formuler de manière critique et universellement communicable : il ne
suffit pas de dire que la trinité est un mystère, mais bien plus le communiquer
pour culminer à la foi. La théologie
fondamentale à son tour se déploiera à la connaissance de Dieu par les
créatures ou mieux les œuvres sensibles de Dieu. Ici nous pouvons en
citer : l’origine de la raison humaine, du langage humain,… ces vérités, qui
relèvent essentiellement de la
philosophie, conduisent à reconnaître un Etre supérieur : Dieu. La
recherche des conditions dans lesquelles l’homme se questionne sur le sens
fondamental de la vie, sur la finalité de la vie et de la nature de l’au-delà constitue
pour la théologie fondamentale un nécessaire préambule pour la foi. En
comprenant logiquement ces vérités
naturelles, l’on peut arriver réellement à comprendre la puissance de cet Etre.
C’est dire que la théologie présuppose la philosophie. Il en est de même de la
théologie morale : dans la vie chrétienne, la vie humaine est beaucoup
réglée par des prescriptions comme il en est dans la morale et l’éthique. C’est
dire que ce ne sont pas les opinions philosophiques dans leur diversité qui
peuvent être utile à la théologie, mais seulement la Vérité qu’elles
recherchent.
En définitive, concernant la science de la foi et les exigences de la
raison philosophique, la relation qui doit opportunément s’instaurer entre
la philosophie et la théologie sera placée sous le signe de la circularité. Pour la théologie d’une
part, le point de départ devra toujours la Parole de Dieu révélée dans
l’histoire, tandis que son objectif final ne pourra être que l’intelligence de
cette parole. D’autre part, puisque la Parole de Dieu est la vérité, sa bonne
compréhension nécessite une recherche humaine de la vérité : la
philosophie. Par ce contact, la raison du croyant sera alors comme avertie et
guidée vers la vérité Révélée, vers la vérité pure et simple.[9] De cette relation avec la parole de Dieu, la
philosophie sort enrichie parce que la raison découvre des horizons nouveaux et
insoupçonnés.
2. Différentes
situations de la philosophie.
A travers l’histoire de la foi
chrétienne, il se distingue plusieurs philosophies, et ici nous indiquerons les
diverses situations avec la foi chrétienne. La 1e est celle de
la philosophie totalement indépendante de la Révélation évangélique. Celle-ci
ne recourt qu’aux forces de la raison. La théorie de la philosophie appelée
« séparée » adoptée par un
certain nombre de philosophes modernes s’éloigne de manière évidente
illégitimement de la Révélation divine. Or, refuser les apports de la vérité
venant de la Révélation divine signifie s’interdire l’accès à une profonde
connaissance de la vérité. La deuxième situation est celle que l’on nomme philosophie chrétienne : on
n’entend pas par là une philosophie officielle de l’Eglise, parce que la foi
comme telle n’est pas une philosophie, mais une spéculation philosophique
conçue en union avec la foi. Cette dimension consiste à la purification de la
raison par la foi parce qu’en tant que vertu théologale, la foi libère la
raison des présomptions auxquelles les philosophies sont sujets.
En dernier lieu, une autre
situation significative de la philosophie figure lorsque la théologie elle-même
fait appel à la philosophie, parce qu’en réalité, la théologie a toujours eu et
continue d’avoir besoin de l’apport philosophique. Etant une œuvre de la raison
critique à la lumière de la foi, le travail théologique exige une raison
éduquée et formée sur le plan des arguments, et sur l’intelligibilité de ses assertions. Ce n’est pas par hasard
que les Pères et théologiens médiévaux ont eu recourt aux philosophes non
chrétiens pour cette fonction explicative. Ce sera une aide de faire comprendre
aux chrétiens cette interaction entre foi et raison, car « même croire n’est autre chose que penser en
donnant son assentiment (…) Qui croit
pense, et en croyant il pense (…) Si
l’on supprime l’assentiment, on supprime la foi, car sans assentiment, on ne
croit pas du tout. »[10]
CONCLUSION
En définitif, la foi et la raison
sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la
contemplation de la vérité. C’est Dieu qui amis au cœur de l’homme le désir de
connaître la vérité et, au terme, de le connaître lui-même afin que, Le
connaissant et l’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même. De
là le magistère doit stimuler un mode de pensée philosophique qui ne soit pas
en dissonance avec la foi. Ainsi progressivement, on ressent le besoin de
réconcilier le christianisme et la philosophie. Ce fut saint Thomas d'Aquin qui remit en forme la pensée
chrétienne à partir de la philosophie des anciens.
[1]
JEAN-PAUL II, Fides et Ration, aux
évêques de l’église catholique sur le rapport entre la foi et la raison, Kinshasa,
Médiaspaul, sd., p. 16.
[2]
JEAN-Paul II,op.cit. p..31-42.
[3]
JEAN-PAULII, op.cit., p.48
[4]
M.BARBELLION, Les preuves de l’existence de Dieu. Pour une
relecture de cinq voies de , Saint Thomas
d’D’Aquin, cerf, Paris, 1999, pp 136
[5]
JEAN-PAULII, op.cit., p. 63.
[6]
JEAN-PAUL II, op.cit, p.75.
[7]
Ibid., p. 75.
[8]
JEAN-PAUL II, op.cit, p. 76
[9]Ibid.., p. 85
[10] St AUGUSTIN, De praedestinatione sanctorum, 2,5:PL44,963, cité par JEAN-PAUL II, Ibid., p. Apocalypse chapitre 17
1 Alors un
des sept anges qui avaient les sept coupes vint et me parla, en disant : Viens,
et je te montrerai la condamnation de la grande prostituée, qui est assise sur
de vastes (les grandes) eaux,
2 avec
laquelle les rois de la terre se sont souillés, et les habitants de la terre
ont été enivrés du vin de sa prostitution.
3 Et il me
transporta en esprit dans le désert. Et je vis une femme assise sur une bête de
couleur écarlate, couverte de noms de blasphèmes, qui avait sept têtes et dix
cornes.
4 Et la
femme était vêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or, de pierres
précieuses et de perles ; elle avait dans sa main une coupe d'or, pleine des
abominations et de l'impureté de sa fornication.
5 Et sur son
front était écrit ce nom : Mystère ; Babylone la grande, la mère des
fornications et des abominations de la terre.
6 Et je vis
cette femme, ivre du sang des saints, et du sang des martyrs de Jésus ; et en
la voyant, je fus frappé d'un grand étonnement.
7 Et l'ange
me dit : Pourquoi t'étonnes-tu ? Je te dirai le mystère de la femme, et de la
bête qui la porte, et qui a sept têtes et dix cornes.
8 La bête
que tu as vue était et n'est plus ; elle doit monter de l'abîme et aller à la
ruine (perdition) ; et les habitants de la terre dont les noms ne sont pas
écrits dans le livre de vie depuis la création du monde, s'étonneront en voyant
la bête, qui était et qui n'est plus.
9 Et ici il
faut une intelligence qui ait de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes
sur lesquelles la femme est assise ; elles sont aussi sept rois.
10 Cinq sont
tombés ; l'un est, et l'autre n'est pas encore venu, et quand il sera venu, il
doit demeurer peu de temps.
11 La bête,
qui était et qui n'est plus, est elle-même la huitième ; et elle est des sept,
et elle va à la ruine (perdition).
12 Et les
dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n'ont pas encore reçu la royauté ;
mais ils recevront la puissance comme rois pendant une heure, avec la bête.
13 Ils ont
un même dessein, et ils donneront leur force et leur puissance à la bête.
14 Ils
combattront contre l'Agneau, et l'Agneau les vaincra, parce qu'il est le
Seigneur des seigneurs, et le Roi des rois ; et ceux qui sont avec lui sont les
appelés (les) élus et (les) fidèles.
15 Et il me
dit : Les eaux que tu as vues à l'endroit où la prostituée est assise, sont des
peuples, des nations et des langues.
16 Et les
dix cornes que tu as vues sur la bête haïront la prostituée, et la rendront
désolée et nue, et dévoreront ses chairs, et la (ils les) brûleront elle-même
avec le feu.
17 Car Dieu
leur a mis dans le cour de faire ce qui lui plaît, et de donner la royauté à la
bête, jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies.
18 Et la
femme que tu as vue, c'est la grande ville, qui a la royauté sur les rois de la
terre.
Notes et
Commentaires
Versets
17.1-5 La grande
Babylone. « Sous les noms symboliques de prostituée et de Babylone, c'est bien
la Rome païenne, la Rome des Césars, la ville aux sept collines, représentant
l'empire romain tout entier, qui est ici décrite. Aussi est-ce à cette ville et
à cet empire que la plupart des interprètes appliquent ce chapitre. Ceux qui
reportent à la fin des temps les événements annoncés par les visions de
l'Apocalypse ne le contestent pas ; mais, selon eux, saint Jean n'emprunte que
ses couleurs et ses traits à la Rome des Césars, et ce n'est pas elle qu'il a
réellement en vue, mais, soit la même ville redevenue païenne à la fin des
temps, soit une autre ville riche et puissante, idolâtre et corrompue, qui
sera, dans les derniers jours du monde, l'a capitale du dernier empire
antichrétien. Comparer à Apocalypse, 14, 8. ― Assise sur les grandes eaux :
trait emprunté à la Babylone historique située sur l'Euphrate, (voir Jérémie,
51, 13). Ces eaux signifient des peuples, des foules, et des nations (verset
15), sur lesquels règne la prostituée. » (Chanoine CRAMPON, 1 885) ― « Le nom
que porte la femme assise sur les grandes eaux, indique qu'elle est une personnification,
un symbole dont il faut saisir le sens : mystère. Or, la bête [étant préfigurée
par] l'empire idolâtre et persécuteur, la femme qui est assise sur la bête doit
figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège principal de
l'idolâtrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne ; et l'on peut dire
que tout le monde aujourd'hui la reconnaît (…). ― Que cette femme représente
une ville, saint Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville
est la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu'elle a
sept montagnes et sept rois, qu'elle étend sa domination sur tous les peuples
et sur tous les princes. Une telle indication suffirait à elle seule ; car Rome
n'était pas désignée autrement à cette époque, et nulle autre ville n'a été
désignée ainsi. ― Cette grande ville est représentée comme le principal soutien
de l'idolâtrie, comme une source d'erreurs et de dépravation pour l'univers
entier. Elle est pleine d'abominations et d'impuretés, c'est-à-dire d'idoles et
de temples païens. Elle est couverte d'inscriptions sacrilèges et
blasphématoires. C'est une Nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que
pour l'orgueil, la puissance et l'impiété. Elle persécute le christianisme ;
elle s'enivre du sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr
des apôtres et des prophètes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour
la cause de la vérité est répandu par elle. ― Qui pourrait méconnaître à ces
traits la Rome des empereurs, telle qu'était sous Domitien, au moment du
martyre de saint Jean et de son exil à Patmos ? Nous avons déjà vu que les
chrétiens la nommaient Babylone. On l'appelait aussi Sodome ou l'Egypte. Non
contente de professer l'idolâtrie, elle s'attribuait à elle-même la divinité. ―
Elle se disait éternelle ; et comme ses empereurs, vivants et morts, elle avait
ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs aussi bien
que dans les provinces. ― Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses
persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument
irrécusable. ― Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l'ancienne, pour ne
jamais se relever. Elle était destinée à être la proie de ceux qu'elle
opprimait, à passer par le fer et par le feu, come un criminel voué au
châtiment divin, et enfin, à être ruinée de fond en comble. Sa chute devait
jeter par toute la terre l'effroi, la stupeur, la désolation, mais en même
temps être le signal du triomphe de l'Eglise dans le monde entier. Les
chrétiens échapperaient au châtiment, comme ils avaient échappé à la
corruption. ― Il suffit d'avoir lu l'histoire du quatrième et du cinquième
siècle pour reconnaître dans la ruine de Rome [la parfaite préfiguration] de
ces prédictions. Prise, pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths
(409), par Genséric, roi des Vandales (455), par Odoacre, roi des Hérules
(466), par Totila, roi des Ostrogoths (546), la capitale de l'empire finit par
disparaître sous ses débris avec ses dieux et ses temples. L'empire devint la
proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome qu'un petit nombre de
chrétiens qui bâtirent une nouvelle cité, à la place des ruines de l'ancienne.
» (L. BACUEZ.)
Versets
17.10-13 « Bisping
et les partisans de l'interprétation eschatologique [disent ceci] : les sept
têtes sont les puissances de ce monde qui, dans la suite de l'histoire, ont
fait ou feront tour à tour la guerre au peuple de Dieu : Egyptiens, Assyriens,
Babyloniens, Médo-Perses, Macédoniens, Romains. Etats modernes sortis de la
Révolution ou imbus de ses principes. Quand l'élément antichrétien aura atteint
son plein développement, viendra un huitième roi, sorti des sept (et non pas
l'un d'eux, comme on traduit souvent), c'est-à-dire une puissance mondaine, qui
résumera en elle et portera au suprême degré l'impiété des sept premières. Les
dix cornes désignent les divers Etats de la fin des temps, Etats non
indépendants, mais vassaux, soumis à la souveraineté de l'Antéchrist (la bête.
Bisping lit ouk, non, au lieu de oupô, nondum). Voilà pourquoi elles ne portent
pas de couronnes (comparer à Apocalypse 13, 1). Leurs pouvoir durera une heure,
c'est-à-dire peu de temps, car ils seront vaincus par l'Agneau (verset 14 :
cette victoire de l'Agneau est décrite au chapitre 19). » (CRAMPON, 1 885)
Verset 17.12 Pour une heure ; pendant une heure
; d'autres traduisent : A la même heure, dans une même heure ; mais la première
interprétation est plus conforme au texte sacré.
Verset 17.14 Voir 1 Timothée, 6, 15 ;
Apocalypse, 19, 16.
Verset 17.15 Des peuples, des nations et des
langues : « ces expressions amoncelées ont pour but de montrer Rome comme le
centre où affluent et se mêlent dans leur étrange variété toutes les nations de
la terre. » (CRAMPON, 1 885)
Verset 17.18 La grande ville, Rome. « La Rome
des Césars [préfigurant] une nouvelle Rome de la fin des temps, comme la Rome
des Césars était une autre Babylone. » (CRAMPON, 1 885)
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